
Le départ est donné dans une joyeuse ambiance, je
reste à l'arrière avec mes compères derrière la file des traileurs qui
commencent à s'étirer. Au bout d'une petite heure, les fourmis dans les
pattes, je quitte les copains pour filer (doucement car les sentiers
sont étroits et on ne peut pas doubler) jusqu'à la croix cœur, première
des 5 ascensions prévues au programme. Peu à peu je prends mon rythme de
croisière jusqu'à retrouver Bruno parti "comme une balle". Nous papotons
un moment juste après le ravito de Sembrancher. Épatant comme à son
habitude, alors que j'arrive tout juste à programmer deux courses dans
l'année, lui vient de courir un raid d'une semaine moins de deux
semaines auparavant et a prévu d'enchainer sur la TDS et le thor des
géants, chapeau bas.
Après 8h de course, j'arrive à La fouly,
premier gros ravito où j'ai laissé un sac. Pas de fatigue particulière
ni de crampe à l'horizon, je suis rassuré sur mon état et je continue
donc gaiement. Les coureurs s'étalent gentiment (le bénéfice de
l'organisation sans la foule, le rêve), les bénévoles aux nombreux
ravitos sont adorables, les paysages sont magnifiques et je suis en
bonne route pour récolter les dons qui iront aider les enfants bien loin
de cette quête du presque inutile.
A 19h26, je suis à
Bourg-St-Pierre, après avoir profité des magnifiques lacs sous le col de
la fenêtre, des joies des dernières neiges et .... d'une éprouvante
montée vers le Grand St- Bernard sous un soleil vaillant. Plus rien ne
peut m'arriver. Après l'apéro (heu un bon repas chaud) je me prépare en
mode de nuit, frontale, musique et coupe-vent pas loin, et file vers la
cabane de mille. Entre chaque ravitaillement, des petits groupes de deux
trois coureurs se forment, j'en retrouverai certains jusqu'à l'arrivée.
La nuit vient m'embrasser juste avant la cabane après un magnifique
coucher de soleil. Je prends le temps, en mode contemplatif, de le
photographier ainsi que de belles orchidées rencontrées au bord de
sentiers. Arrivé à la cabane en pleine nuit, à 2480 mètre, un vent à
décorner les bœufs me glace jusqu'à l'os. Là encore, accueil chaleureux
et thé bienvenu. Je regrette dans la descente vers Lourtier d'avoir
gardé le coupe-vent (je l'enlève donc) qui me tient trop chaud en
courant (et oui je courre encore et j'en profite tant que c'est
possible). C'est donc en t-shirt (tel un jurassien de base) que j'arrive
à Lourtier à 1h05 du matin avant d'affronter la dernière
difficulté.
Et quelle difficulté! 1150 m D+ vers le col de Lachaux après 20 h de course. Si je m'attendais à quelque chose de rude physiquement je ne m'attendais certainement pas à ça (j'aurai du regarder un peu mieux le profil et encore que...), un monstre. Dés la sortie du village la pente s'élève dans un pourcentage terrifiant, je suis obligé de monter sur la pointe des pieds tellement c'est raide. Je me dis que ça ne peut être qu'un chemin qui coupe pour récupérer un GR à la pente plus douce (quel randonneur pourrait endurer ça si longtemps!) et que ce sera toujours ça de moins de dénivelé à faire. Au bout d'un heure, je déchante, toujours dré dans le pentu, je ahane, je sue, je traine ma carcasse pas du tout adaptée pour ces pentes au point que je prendrai un petit gel salutaire en sortie de forêt (là ou j'ai cru pour la énième fois arriver sur un replat). Deux heures d'effort et pas mal de coureurs agonisant doublés en route j'arrive au sommet pour le dernier (mais pas le moins attendu) ravitaillement où nous nous retrouvons à deux, hagards, mais contents d'en avoir fini. Des malades ces Suisses!
Et quelle difficulté! 1150 m D+ vers le col de Lachaux après 20 h de course. Si je m'attendais à quelque chose de rude physiquement je ne m'attendais certainement pas à ça (j'aurai du regarder un peu mieux le profil et encore que...), un monstre. Dés la sortie du village la pente s'élève dans un pourcentage terrifiant, je suis obligé de monter sur la pointe des pieds tellement c'est raide. Je me dis que ça ne peut être qu'un chemin qui coupe pour récupérer un GR à la pente plus douce (quel randonneur pourrait endurer ça si longtemps!) et que ce sera toujours ça de moins de dénivelé à faire. Au bout d'un heure, je déchante, toujours dré dans le pentu, je ahane, je sue, je traine ma carcasse pas du tout adaptée pour ces pentes au point que je prendrai un petit gel salutaire en sortie de forêt (là ou j'ai cru pour la énième fois arriver sur un replat). Deux heures d'effort et pas mal de coureurs agonisant doublés en route j'arrive au sommet pour le dernier (mais pas le moins attendu) ravitaillement où nous nous retrouvons à deux, hagards, mais contents d'en avoir fini. Des malades ces Suisses!
Tout le reste ne sera que "formalité", 1h30 de
descente (il faut quand même courir encore) et une arrivée en solitaire
au petit matin de Verbier, heureux d'être une fois de plus aller
titiller au plus profond l'inconnu en nous, d'avoir accompli ma
"mission" pour Courir pour le Népal. Il ne me restera plus qu'à
rejoindre ma douce pour un massage arnica des plus réparateurs et une
bonne nuit de sommeil (mais que la route fut
longue).
Merci à tous les généreux donateurs qui
m'ont soutenu dans cette aventure et RDV pour l'UTMB
2013 !
Arnaud