Compte-rendu de l'Iron Woman Leman solo d'Aline...c'est beau ! Merci Aline !
Et Merci Philippe pour les photos : http://www.philippe-bourgine.com/albums_photos/triathlon/ironwoman_aline_juillet_2012/
"Il
est 4h du mat. Nuit certes courte, mais je me sens prête et reposée. Mon
téléphone sonne… c’est Pierre qui va m’accompagner avec son bateau pour la
traversée du lac :
« Je
suis en train de débâcher le bateau. Il y a un fort vent et il commence à
pleuvoir, qu’est-ce qu’on fait ? »
…
4h30,
Manu passe me prendre à moto ; l’aventure commence, en route pour Nernier.
5h
du mat. On se retrouve au port avec Pierre, Nicole et Manu qui
seront dans le bateau, Philippe G qui nous ouvrira la route en canoë et Eric
qui va braver le lac avec moi à la nage. C’est beau l’Amitié ! Il
fait nuit. Chacun me confirme que je suis complètement givrée! On se regarde
tous ; il n’y a plus l’ombre d’un doute : ON Y VA !
C’est
parti. Philippe vise tant bien que mal la presqu’île de Promenthoux, mais il
fait noir et le courant est fort. Malgré notre intention à tous d’aller en
ligne droite à notre objectif, nous effectuerons une trajectoire de 5,5 km au
lieu d’une belle ligne droite de 4,2 km (ce qui était prévu). C’est la
vie ; ça fait partie du jeu.Le
lever du soleil est royal, l’atmosphère est magique, ça prendra simplement plus
de temps. J’ai trouvé mon rythme, je me sens super bien entourée. Finalement
j’ai plus de temps pour réaliser que je suis en train de traverser le lac…
c’est pas tous les jours ! La
traversée prendra près de 2h30, soit 1 heure de plus que prévu. Malgré une
température plus qu’acceptable du lac à 22°, Eric et moi arrivons tout de même
à la plage de Promenthoux en hypothermie (désolée Eric, je sais que tu aurais
pu aller plus vite !). Mes lèvres sont bleues, je claque des dents, mais
heureusement les amis et la famille sont là pour me réchauffer le cœur et
Manfred, le gérant de la plage, s’est levé pour m’ouvrir le local de la douche
chaude ! Oui, c’est un peu triché, je suis d’accord, mais je suis là pour
me faire plaisir, alors tout est permis ! J’ai
en tout cas appris une chose avec cette traversée : L’eau du lac est un
puissant laxatif. Quelques gorgées suffisent, qu’on se le dise ! Vidange à
l’arrivée. Heureusement,
je parviens à me ravitailler correctement. (Merci maman pour la soupe aux
lettres !). A
ce moment-là, je ne sais pas encore que, de loin, le plus dur est fait.
Il
est temps maintenant d’enfourcher mon vélo. Philippe B. (qui me suivra sur tout
le tour du lac en voiture avec Manu) m’a minutieusement tout préparé, comme
convenu : casque, chaussures, ravito… et ma jupette à pois bien sûr ! Florence,
une collègue de travail, m’a fait la surprise de venir avec son mari. Ils
feront la route avec moi jusqu’à Montreux. Un vrai cadeau. En 5 minutes, je
suis réchauffée. Peu à peu une sensation de facilité s’installe et elle ne me
quittera plus. Je ne sais pas ce que ça fait d’être dopée, mais je peux vous
dire que le pain d’épices maison et les émotions au bord du chemin c’est en
tout cas aussi efficace et sans effets secondaires ! Nous
arrivons sans tarder en contrebas d’Ecublens où Jean Groux (le grand-père de ma
cousine) nous attend avec du thé au miel à la parfaite température. Jean est un
personnage. Sa présence sur mon chemin me remplit d’une paisible énergie. Florence,
Gilles et moi nous remettons en selle. René nous prend au vol devant l’EPFL.
J’ai rencontré René il y a environ 2 mois, on the road, en faisant le tour du
lac à vélo en entraînement. Au fil du chemin, je lui avais raconté mon projet
d’Iron Woman. Il a lui-même fait partie du comité d’organisation de l’Iron
Léman (Iron Man en partance de Lausanne, originellement pour les étudiants de
l’EPFL), une épreuve déconventionnée comme la mienne. Mon projet lui a donc
vite parlé et c’est ainsi qu’il m’a, dans un second temps, proposé de
m’accompagner de Lausanne à Promenthoux le Jour J. Avec
René, le rythme s’accélère. Ça me convient bien, je suis tout à fait remise de
mon hypothermie et me sens prête à attaquer un peu. Nous roulons ainsi jusqu’à
Clarens où tout un staff ravitaillement nous
attend ! Il y a mon parrain, ma marraine, mon oncle, ma tante, mon petit
filleul et ses parents. Un accueil plein
de réconfort. Une bière sans alcool pour me réhydrater et surtout, surtout, le
gâteau aux noix maison de ma tante. Je suis gonflée à bloc ! Quelques
câlins, beaucoup d’émotion et je me remets en route avec René. Pendant
la traversée de Montreux, j’aperçois des gens au bord de la route qui crient
mon nom… Mais oui ! Ce sont mes voisins de Champel ! Cette apparition
aussi touchante qu’inattendue me dope encore un peu plus. Ils feront un joli
p’tit bout de route avec nous. Le
ciel s’alourdit. Nous avons évité la pluie jusqu’à maintenant, mais cette
fois-ci, on sait qu’on va y avoir droit… Il commence à pleuviner à Evian, puis
la pluie s’intensifie méchamment à notre arrivée à Thonon. Je propose à René de
nous arrêter pour mettre un k-way. C’est tellement confortable d’avoir 2 beaux
gars qui nous suivent en voiture avec tout ce qu’il faut dedans! (trop forts
les gars !) On en profite pour se faire un ravito de luxe : viande
séchée, pain d’épice à discrétion… Il
pleut, mais ce n’est même pas grave. On a un bon rythme, ça roule facile. Nous
apercevons bientôt Greg (un collègue, ami et compagnon de course à pied) sur
son tout beau vélo. Il nous accompagnera jusqu’à Versoix. La traversée de
Genève a été beaucoup plus fluide que ce que l’on avait imaginé. Faut dire que
René, avec le franc-parlé de son sifflet, a su disperser les foules tout au
long du parcours ! René
et moi bouclons le tour du lac en moins de 6 heures (sans compter les ravitos
qui ont agréablement traînés !). Grande satisfaction.
Retour
donc à la plage de Promenthoux où Richard (triathlète émérite, partiellement
coupé dans son élan par un accident) et sa femme m’attendent avec leur soutien
et leurs encouragements sans faille. Beau
moment de partage. Philippe
B et Manu sont comme toujours fidèles au RDV. Philippe embarque mon vélo dans
sa voiture et Manu se prépare pour prendre le départ du marathon à mes côtés.
Il le fera en entier avec moi. Merci. Précieux soutien. A
partir de là, tout s’enchaîne à merveille (si ce n’est une transition un peu
difficile pour mon système digestif, mais rien de bien méchant et de courte
durée. Je réalise que le plus difficile pour moi dans cet effort de longue
durée ce sont les transitions. Mon système digestif a eu besoin d’un petit
temps d’adaptation à chaque changement de discipline). Plein
d’apparitions surprises sur le chemin qui se mêlent et se succèdent. Geneviève,
Christian, Bettina, Bernard, votre présence a été un cadeau. Le temps a passé
si vite. Comme si cette aventure était suspendue, hors de toute contrainte, de
tout stress et de toute échéance. La
météo est clémente. Le soleil réapparaît. Le parcours (qui n’est autre que le
Chemin de Compostelle) surplombe magnifiquement le lac. La température est
idéale. Manu
et moi abordons la ville de Genève entre 18h et 19h. Curieuse impression que de
fouler des endroits si familiers au terme d’une telle aventure. C’est comme si
exploit, simplicité, effort, normalité, défi, banalité, tout ceci s’imbriquait
naturellement et que finalement, peu importe ! On est là où on est, dans
l’instant présent, au milieu de la foule, respectant le contexte de chacun, et
c’est juste bon. Jardin
Botanique, Perle du Lac, Bains des Pâquis, Pont des Bergues, Bourg-de-Four… Parc Bertrand ! Ce sera le lieu d’arrivée, mais pour l’instant je viens
juste attraper au vol ceux qui souhaitent courir les 8 derniers kilomètres de
ce périple avec moi. Philippe G, le canoéiste du matin et Philippe B, l’accompagnateur
de l’ombre Ô combien valeureux de la journée entière se joignent au petit
peloton. Il me reste à effectuer une mission : Allez dire bonjour à
quelques uns des patients avec qui je travaille à l’Hôpital de Beau-Séjour.
Quand nous arrivons dans la cour, ils sont là. Séquence émotion. Leur
énergie me transporte par-delà les méandres de l’Arve. La sublime luminosité de
cette fin de journée est remplie d’un silence qui en dit long. Je parviens à me
payer le luxe de savourer les derniers kilomètres, car aucune douleur, ni
entrave vient me parasiter. Mon esprit est libre, mon corps délié et cette
sensation me laisse de la place pour avoir de profondes pensées pour mes amis
qui n’ont pas pu être présents physiquement aujourd’hui.
Il
est à peine 20h, ça fait 4h30 qu’on coure ; Bon ben, y’a plus qu’à
franchir la ligne d’arrivée.
Elle est juste là.
Devant chez moi…
Mes
amis aussi sont bel et bien là.
Le
respect plane sur l’arrivée.
Pas de brouhaha inutile.
Un accueil que je perçois
comme doux et noble (ça tombe bien, c’est la signification de mon prénom).
Merci Valérie d’avoir réuni tous les bons ingrédients (et pas seulement dans
ton « The Cake » et ton huile de massage!) pour faire de cette
arrivée un lieu si paisible.
Et
merci, merci à tous de m’avoir portée, soutenue, accompagnée ou parfois déstabilisée
par vos questionnements dans la réalisation d’un de mes rêves…
Le
moment est simplement intense ou non, plutôt intensément simple.
Aline"
Superbe réalisation bien racontée ça fait plaisir !
RépondreSupprimerL'expression du bonheur, bravo Aline !
RépondreSupprimerBravo Aline, respect!..C'est du grand art...Et encore merci pour tes encouragements pendant Verbier...Bises
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